Votre enfant est-il vraiment en sécurité en ligne ? Le sharenting soulève des enjeux majeurs entre risques, opportunités… et cadre légal renforcé !

En France, plus d’un parent sur deux a déjà publié une photo ou une vidéo de son enfant sur les réseaux sociaux. D’après l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (OPEN), 53 % des parents pratiquent ce qu’on appelle le sharenting (contraction de sharing et parenting). Mais si partager une photo de vacances ou une vidéo d’anniversaire paraît anodin, la réalité est plus complexe : les dangers sont bien réels, mais ils peuvent cacher aussi des opportunités… mais aussi un cadre légal strict.
Dans cet article :
Mettre en ligne ses enfants peut virer au danger
Mettre ses enfants en ligne n’est pas un geste neutre. La CNIL le rappelle : publier une image d’un mineur, surtout sur un compte public, expose à de nombreux risques.
Pédocriminalité et détournement d’images
Selon un rapport de la Fondation pour l’Enfance (2024), 50 % des images d’enfants échangées sur des forums pédocriminels proviennent initialement… de publications parentales. Les photos en maillot de bain ou lors du bain, postées sans arrière-pensée, sont parfois récupérées et détournées. Pire encore, les progrès de l’intelligence artificielle facilitent la création de deepfakes, où des clichés innocents peuvent être modifiés pour produire des contenus pédopornographiques.
Une identité numérique imposée
Avant même d’ouvrir un compte, certains enfants possèdent déjà une empreinte numérique massive. Une étude britannique révèle qu’à 13 ans, un enfant a en moyenne 1 300 photos de lui en ligne. Problème : impossible pour lui de contrôler cette image publique, qui peut nuire plus tard à sa réputation, dans la sphère scolaire, professionnelle ou privée.
Cyberharcèlement et usurpation
Un cliché partagé peut aussi être utilisé pour se moquer, harceler ou créer un faux profil. Sans oublier les métadonnées des photos (heure, lieu, GPS) qui donnent, à l’insu des parents, des informations précieuses sur les habitudes de l’enfant.

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Internet peut devenir un tremplin
Pourtant, il serait réducteur de n’y voir que du négatif. Les réseaux sociaux peuvent aussi jouer un rôle positif, à condition de poser des limites claires.
Valoriser les passions
Un enfant passionné de danse, de sport ou de cuisine peut utiliser internet comme vitrine de son talent. Certains ont déjà décroché des opportunités artistiques ou sportives grâce à une vidéo publiée. Cette visibilité, bien encadrée, peut nourrir la confiance en soi et ouvrir des perspectives.
Créer un album de souvenirs
Pour beaucoup de familles, partager en ligne est aussi une manière de rassembler les proches et de conserver une trace numérique de merveilleux souvenirs d’enfance. Les réseaux deviennent alors un journal de bord partagé, accessible à distance.
Que dit la loi au sujet des enfants et d’internet ?
Depuis le 19 février 2024, une loi renforce le droit à l’image des enfants. Les parents sont désormais tenus, dans le cadre de leur autorité parentale, de veiller au respect de la vie privée de leur enfant.
Concrètement :
- L’accord des deux parents est nécessaire avant toute diffusion publique.
- L’enfant doit être associé à la décision selon son âge et sa maturité.
- Le juge peut interdire la publication si un parent s’y oppose.
- En cas d’atteinte grave à la dignité ou à l’intégrité morale de l’enfant, une délégation partielle d’autorité parentale peut être décidée.
La CNIL, de son côté, peut désormais saisir le juge pour demander la suppression d’images d’enfants mises en ligne contre leur volonté.

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Comment publier des photos et vidéos sans danger ?
Il existe deux cas de figure :
1. Partager dans le cercle familial
La CNIL conseille de privilégier des canaux privés (messageries sécurisées, mails, MMS). Cela limite les risques de diffusion incontrôlée. Dans ce cas, mieux vaut :
- masquer le visage ou photographier l’enfant de dos,
- éviter les photos intimes ou embarrassantes,
- contrôler régulièrement la liste de ses abonnés.
2. Partager publiquement un talent ou une passion
Si l’objectif est de mettre en avant un sport, une performance artistique ou une activité extrascolaire, la publication peut être publique, mais elle doit rester strictement encadrée :
- Anticiper l’avenir : rester vigilant sur le type de contenu publié, car il pourrait ressortir des années plus tard.
- Demander l’accord de l’enfant (s’il est en âge de comprendre) et de l’autre parent.
- Limiter les informations personnelles : pas de localisation précise, pas de détails sur l’école ou le domicile.
- Séparer vie privée et passion : créer un compte dédié à son activité (sport, musique, danse…), distinct des photos familiales.
- Accompagner l’enfant : lui expliquer les règles, surveiller les commentaires et intervenir en cas de dérives.
Partager ses enfants en ligne peut être tentant, parfois valorisant, mais ce n’est jamais anodin. La pédocriminalité, le cyberharcèlement et la perte de contrôle sur l’image constituent des risques bien réels. Si les réseaux peuvent être une opportunité pour valoriser une passion, la prudence reste la règle. La loi, désormais, protège davantage les enfants, mais la première responsabilité repose sur les parents.
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