N’avez-vous pas remarqué qu’il y a moins de tourterelles chaque année en France ? Mais comment expliquer cette baisse ?

Les oiseaux sont des animaux fascinants. Les chercheurs n’ont eu de cesse de les étudier, étudier pourquoi ils migrent, pourquoi les oiseaux chantent. Mais, la population de certaines espèces est en déclin en France et ailleurs. Et c’est le cas des tourterelles, qu’il y a de moins en moins en France.
Elles incarnaient l’été. Le roucoulement discret, les champs dorés, les soirées longues dans les villages du sud. Et pourtant, la tourterelle des bois a presque disparu du paysage français. Un effacement progressif, silencieux, mais bien réel. Alors, où sont passées les tourterelles ?
Dans cet article :
La population de tourterelles de plus en plus basse en France
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Entre 1989 et 2015, la population nicheuse de la tourterelle des bois a chuté d’environ 48 % en France, selon le ministère de la Transition écologique.
Sur la décennie suivante, la baisse atteindrait 44 %. Au niveau européen, c’est encore plus dramatique : près de 80 % des effectifs se sont volatilisés entre 1980 et 2013.
Ce n’est donc pas une impression : ce symbole des étés français s’efface à une vitesse alarmante. Dans certaines régions, on ne l’entend même plus. Le constat est unanime parmi les ornithologues : Streptopelia turtur est devenue une espèce menacée.
Comment expliquer qu’il y ait moins de tourterelles ?
La tourterelle des bois n’est pas une citadine. Elle aime les haies, les bosquets, les prairies où les graines sauvages abondent. Mais depuis trente ans, ces habitats ont presque disparu.
L’agriculture intensive a redessiné le paysage : arrachage des haies, pesticides à outrance, suppression des jachères. Cela a donné un désert biologique. Or, ces “mauvaises herbes” honnis par l’agriculture moderne étaient sa cantine : l’oiseau se nourrit exclusivement de petites graines tombées au sol. Quand les sols sont stérilisés, la table est vide.
Une étude de l’Institut espagnol IREC confirme cette corrélation directe : la raréfaction des graines sauvages et des haies entraîne mécaniquement la chute des effectifs. Donc, sans herbe, pas de graines. Et, sans graines, pas de tourterelles.
Comme si cela ne suffisait pas, la tourterelle des bois est migratrice. Chaque année, elle parcourt des milliers de kilomètres entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest pour passer l’hiver. Une épopée risquée : tempêtes, sécheresses, pénuries d’eau, raréfaction des zones d’escale.

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D’autres éléments qui expliquent cette baisse de population
Et, surtout, la chasse. Pendant longtemps, des milliers de tourterelles étaient encore abattues sur les routes migratoires, notamment autour du bassin méditerranéen.
En France, la chasse a été suspendue en 2020 après un effondrement de près de 80 % des effectifs sur quinze ans. Une mesure nécessaire, mais tardive : le temps qu’une population migratrice se reconstitue, il faut des décennies.
Les chercheurs notent aussi une baisse de la reproduction : les couples font moins de nichées, les jeunes survivent moins longtemps. Le déséquilibre entre mortalité et natalité se creuse, jusqu’à l’effondrement.
À tout cela s’ajoute le changement climatique. Les sécheresses à répétition assèchent les zones d’hivernage en Afrique. Les trajets migratoires deviennent imprévisibles : moins de points d’eau, moins d’arrêts possibles, plus d’épuisement.
Les oiseaux arrivent amaigris, parfois trop tard pour nicher. La spirale est fatale : retard de reproduction, perte de couvées, raréfaction des ressources. Même les tourterelles turques, cousines plus adaptables, montrent des signes de recul dans certaines zones du sud-ouest.
Peut-on encore les sauver ?
- Réhabiliter les haies et les jachères. Ces zones “perdues” pour la production sont essentielles à la biodiversité.
- Favoriser les cultures extensives et les rotations végétales. Moins d’herbicides, plus de plantes messicoles (coquelicots, bleuets, vesces).
- Protéger les couloirs migratoires. Renforcer les zones humides et interdire la chasse tout au long des routes migratoires européennes et africaines.
- Sensibiliser les citoyens. Observer, signaler, participer aux programmes de comptage (comme ceux de la LPO).
Voilà quelques pistes, mais ce n’est peut-être pas assez. En vérité, pour sauver les tourterelles, un gros changement systémique devrait être opéré afin que cela change quelque chose pour ces espèces d’oiseaux.
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2 commentaires
Chez moi il n’y a presque plus de tourterelle ni de merles ni pigeons . Mais les rapaces sont revenus en force. Je ne peux plus lâcher mes pigeons voyageurs. C’est une hécatombe.
J.habite en Dordogne et mon terrain est pleins de végétaux et arbres et les oiseaux ne manquent pas. Bien sur il n,y a pas d,agriculture intensive..
Il y a même des grenouilles et crapauds.
Je ne supporte pas les chats et les fait faire le plus souvent,sans leur faire de mal bien sûr car ce sont des prédateurs.