Le tableau « Le Garçon qui pleure » serait-il maudit ? Voilà une rumeur qui persiste, mais pourquoi cette croyance ?

« Le Garçon qui pleure » : un tableau maudit ?
À première vue, « Le Garçon qui pleure » n’est qu’une peinture banale. Un enfant triste, aux yeux brillants, capturé sur toile par un artiste italien du nom de Bruno Amadio, aussi connu sous le pseudonyme Giovanni Bragolin.
Mais dans les années 1980, cette image mélancolique bascule dans l’horreur médiatique. Des incendies domestiques, des survivances mystérieuses, des récits tragiques… et bientôt une conclusion que tout le monde répète : ce tableau serait maudit.
Il existe plusieurs versions de ce fameux garçon qui pleure, toutes faites par le même peintre. Et, selon beaucoup de personnes, les peintures de ce garçon en train de pleurer pourraient être maudites. C’est le tabloïd britannique The Sun qui met le feu aux poudres, en 1985.
Il raconte l’histoire d’un couple dont la maison a été entièrement détruite par un incendie. Tout y a brûlé. Tout, sauf une chose : une reproduction du Garçon qui pleure, intacte. Et ce n’est pas un cas isolé. Un pompier de l’Essex confie que cette scène s’est répétée à plusieurs reprises.
Bientôt, des dizaines de témoignages affluent. Les gens parlent de malchance chronique, de disputes, de tragédies, toutes liées à ce visage enfantin accroché dans leur salon.
The Sun en fait une affaire nationale, et propose un gigantesque autodafé : en novembre 1985, des centaines de tableaux sont envoyés par les lecteurs pour être brûlés dans un feu de joie collectif en banlieue londonienne.

VOIR AUSSI : Un numéro de téléphone maudit mis hors service ?
L’homme derrière les larmes : Bruno Amadio
Né en Italie au début du XXe siècle, Bruno Amadio a été marqué par les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. Après le conflit, il peint une série d’enfants en pleurs, visages figés dans le chagrin, larmes suspendues aux cils.
La série, d’abord vendue artisanalement, devient rapidement un produit de masse. Des milliers de copies sont imprimées, encadrées, diffusées dans toute l’Europe. Le Royaume-Uni en fait un best-seller de décoration populaire dans les années 1970.
Mais derrière cette série tragique, une légende émerge. Selon certains récits, le jeune modèle du Garçon qui pleure aurait été un orphelin nommé Don Bonillo.
On raconte que l’enfant aurait vu ses parents périr dans un incendie, et qu’il porterait une malédiction. Rejeté par son entourage, il erre jusqu’à être recueilli par Amadio lui-même.
Le peintre l’aurait utilisé comme modèle, malgré les avertissements. Peu après, son atelier prend feu. Terrifié, Amadio se débarrasse de l’enfant.
En 1976, Don Bonillo meurt à 19 ans dans un accident de voiture près de Barcelone. Il n’en fallait pas plus pour alimenter les fantasmes : le garçon du tableau aurait réellement porté malheur.

VOIR AUSSI : Découvrez l’histoire de ces îles considérées comme maudites
Que disent les scientifiques ?
Pourtant, les explications rationnelles ne tardent pas à surgir. Face à la panique publique, la BBC commande une enquête au Building Research Establishment, un institut britannique spécialisé dans la sécurité des matériaux.
Le résultat est limpide : le tableau doit sa résistance aux flammes à un vernis ininflammable appliqué lors de la fabrication. En cas d’incendie, le crochet qui le maintient finit par céder, laissant tomber le cadre au sol.
Là, il est simplement protégé par les couches de débris et l’épaisseur de cendre. Pas de magie noire, pas de malédiction, juste de la physique. Puis, après cet incendie, la superstition a fait le reste. Plus on pense être maudit et malchanceux, plus il y a de chances de se mettre dans les pires dispositions.

VOIR AUSSI : Le noyer est-il vraiment un arbre « maudit » à absolument éviter ?
Le tableau « maudit », largement repris aujourd’hui
Malgré la peur, ou peut-être à cause d’elle, le tableau revient régulièrement dans l’imaginaire collectif. En 2012, il est présenté dans la série américaine Weird or What, animée par William Shatner, dans un épisode consacré aux objets prétendument surnaturels.
Plus récemment, des exemplaires apparaissent en vente sur eBay, dans des brocantes, ou comme clin d’œil dans des vidéos YouTube dédiées aux objets hantés. Le livre La Rue Gambetta de Sonia Azzouz Foughalli-Atti évoque lui aussi l’histoire du peintre Amadio et la légende du tableau.
Bref, dans les histoires de malédictions, il y a souvent une part rationnelle puis une part de croyance populaire et collective qui vient alimenter les débats. Dans le cas de ce tableau, il n’y aurait donc pas de malédiction, mais un concours de circonstances qui a créé sa légende.
BuzzWebzine est un média indépendant. Soutiens-nous en nous ajoutant à tes favoris sur Google Actualités :






