Faut-il privilégier souplesse à moyen terme ou avantage fiscal à long terme ? Faites le bon choix entre deux leviers puissants d’épargne salariale !

Participation aux bénéfices, intéressement, prime de partage de valeur : ces dispositifs d’épargne salariale représentent souvent plusieurs milliers d’euros par an. Face à ces sommes, une question se pose : faut-il les percevoir immédiatement ou les placer sur un plan d’épargne salariale ? Si opter pour un plan d’épargne salariale s’avère fiscalement avantageux, reste à identifier lequel du PEE ou du PERCO constitue le véhicule le plus adapté pour faire fructifier ces sommes.
Qu’est-ce que l’épargne salariale ?
L’épargne salariale regroupe l’ensemble des dispositifs permettant aux entreprises de répartir une partie de leur richesse entre leurs salariés. Ces mécanismes, encadrés par la loi, se déclinent en trois composantes principales :
- La participation aux bénéfices : obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés, elle redistribue une fraction des bénéfices selon une formule légale prenant en compte les résultats, les salaires versés et les capitaux propres
- L’intéressement : dispositif facultatif qui récompense l’atteinte d’objectifs de performance définis dans un accord d’entreprise
- La prime de partage de valeur : remplace l’ancienne « prime Macron » et permet aux entreprises de verser jusqu’à 3 000 euros (voire 6 000 euros dans certains cas) de manière exceptionnelle
Lorsque vous percevez votre épargne salariale, plusieurs options s’offrent à vous :
- Percevoir immédiatement les sommes : elles seront alors imposées comme un salaire classique
- Les placer sur un Plan d’Épargne Entreprise (PEE) : épargne bloquée 5 ans minimum avec possibilités de déblocage anticipé
- Les investir sur un Plan d’Épargne Retraite Collectif (PERCO / PERECO) : épargne dédiée à la préparation de votre retraite
- Répartir entre les deux dispositifs : pour optimiser vos investissements selon vos objectifs à court et long terme
Ces sommes bénéficient d’un régime fiscal privilégié lorsqu’elles sont placées sur un plan d’épargne salariale. Contrairement à une perception immédiate qui les soumet aux cotisations sociales (20 % à 25 %) et à l’impôt sur le revenu (0 % à 45 %), leur placement en PEE ou PERCO n’entraîne que le paiement de la contribution sociale généralisée (CSG) et de la contribution pour le remboursement de la dette (CRDS), soit 9,7 % au total.
Cet avantage distingue fondamentalement l’épargne salariale des autres dispositifs d’épargne retraite. Si vous souhaitez investir vos primes sur un PER individuel par exemple, vous devrez d’abord percevoir les sommes (avec leur taxation complète), puis les réinvestir. Cette double étape réduit mécaniquement le capital disponible pour votre épargne.
Exemple concret : Prenons Marie, cadre avec un salaire annuel de 45 000 euros, qui reçoit une prime d’intéressement de 5 000 euros. Son taux marginal d’imposition est de 30 % (tranche correspondant aux revenus entre 29 316€ et 83 823€ en 2024).
Scénario 1 – Placement direct en PERCO :
- Prime brute : 5 000 €
- CSG / CRDS (9,7 %) : 485 €
- Capital investi : 4 515 €
Scénario 2 – Perception puis placement sur PER individuel :
- Prime brute : 5 000 €
- Après cotisations sociales (25 %) : 3 750 €
- Après impôt sur le revenu (30 % du net) : 2 625 €
- Capital investi : 2 625 €
Résultat : Le placement direct en PERCO permet d’investir 1 890 euros de plus (4 515 € – 2 625 €), soit 72 % de capital supplémentaire par rapport à une perception immédiate. Sur 20 ans avec un rendement de 4 % annuel, cette différence représente environ 4 100 euros d’écart de performance.
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Les points communs entre le PEE et PERCO
Les deux dispositifs partagent leurs sources de financement, permettant d’alimenter indifféremment l’un ou l’autre des plans avec les mêmes flux financiers.
Participation, intéressement et prime de partage de valeur peuvent être affectés aussi bien au PEE qu’au PERCO. L’abondement de l’employeur s’applique également aux deux dispositifs, avec toutefois des plafonds différents. Les versements volontaires du salarié complètent ces apports, bien que leur traitement fiscal diffère selon le plan choisi.
Caractéristiques | Détails |
---|---|
Source de financement | Participation, intéressement, prime de partage de valeur |
Plafonds d’attribution | 75 % du PASS (34 776 € en 2024) pour participation et intéressement3 000 € pour la prime de partage de valeurs (6 000 € dans certains cas) |
Versements volontaires | Possibles sur les deux plans |
Abondement | Contribution patronale plafonnée (montants différents) |
Supports d’investissement | FCPE, SICAV, fonds solidaires obligatoires, actions de l’entreprise (PEE uniquement), SCPI selon les plans |
L’investissement s’effectue dans différents supports selon la société gestionnaire du plan :
- Fonds obligatoires : un fonds de chaque type (monétaire, obligataire, actions) et un fonds solidaire
- FCPE d’entreprise : actions ou certificats de l’entreprise employeuse, uniquement disponibles sur le PEE
- Supports immobiliers : SCPI et autres fonds immobiliers selon les plans
La gestion peut être libre ou pilotée selon les options offertes par l’entreprise.
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Les différences essentielles entre PEE et PERCO
La durée de blocage constitue la différence fondamentale entre ces deux dispositifs d’épargne salariale. Le PEE immobilise les sommes pendant 5 ans minimum, tandis que le PERCO les bloque jusqu’au départ en retraite du bénéficiaire. Cette distinction temporelle influence directement l’usage et la stratégie d’investissement de chaque plan.
Cette différence de temporalité reflète des objectifs distincts. Le PEE vise à financer des projets de vie à moyen terme : achat immobilier, mariage, naissance, création d’entreprise ou autres événements nécessitant un capital disponible dans un délai raisonnable. Le PERCO (remplacé depuis 2020 par le PERECO, sa version modernisée, également appelé PERCOL) se concentre sur la constitution d’un complément de retraite, s’inscrivant dans une logique d’épargne longue et de préparation de l’après-carrière.
Critère | PEE | PERCO/PERECO |
---|---|---|
Disponibilité | 5 ans minimum | Jusqu’à la retraite |
Objectif | Projets à moyen terme | Préparation retraite |
Cas déblocage anticipé | 13 cas | 7 cas |
Plafond abondement | 8 % PASS (3 709€ en 2024) | 16 % PASS (7 418€ en 2024) |
Sortie | Capital uniquement | Capital ou rente viagère |
Déductibilité versements volontaires | Non | Oui (déductibles dans la limite de 10 % des revenus professionnels ou 10 % du PASS) |
Gestion pilotée | Optionnelle | Avec sécurisation progressive |
Les cas de déblocage anticipé pour le PEE :
- Événements familiaux : mariage / PACS, naissance / adoption à partir du 3ème enfant, divorce/séparation avec garde d’enfant, violence conjugale
- Accidents de la vie : invalidité, décès (titulaire/conjoint/enfant)
- Situations professionnelles : rupture contrat travail, cessation activité (liquidation judiciaire), fin droits chômage
- Projets / difficultés : acquisition/travaux résidence principale, création/reprise entreprise, surendettement, catastrophe naturelle
Les cas de déblocage pour le PERCO :
- Accidents de la vie : décès, invalidité (titulaire/conjoint/enfant)
- Difficultés : surendettement, fin droits chômage, cessation activité (liquidation judiciaire)
- Logement : acquisition résidence principale, remise en état suite catastrophe naturelle
En somme, ce sont bien les durées d’indisponibilité des fonds ainsi que les modalités de sortie qui distinguent ces plans. Le PEE ne permet qu’une sortie en capital, offrant au bénéficiaire la totalité de son épargne valorisée. Le PERCO propose une option supplémentaire avec la sortie en rente viagère, garantissant un revenu régulier jusqu’au décès. Cette rente est calculée en fonction du capital constitué, de l’âge de départ en retraite et des tables de mortalité.
Sur le plan fiscal, la rente viagère issue du PERCO bénéficie d’un régime avantageux : seule une fraction est imposable à l’impôt sur le revenu (entre 30 % et 70 % selon l’âge d’entrée en jouissance), le reste étant considéré comme un remboursement de capital. Cette imposition partielle rend la rente plus attractive fiscalement qu’une sortie en capital imposée en une seule fois.
Quand choisir le PEE ?
Le PEE s’avère adapté aux épargnants qui envisagent des projets concrets dans les années à venir. Son horizon de blocage de 5 ans correspond aux délais habituels de préparation d’un achat immobilier, d’une création d’entreprise ou d’autres investissements personnels nécessitant une épargne conséquente.
L’acquisition de la résidence principale représente l’un des cas d’usage privilégiés du PEE. Les sommes épargnées permettent de constituer un apport personnel significatif, d’autant plus valorisé par l’éventuel abondement de l’employeur. La création ou reprise d’entreprise figure également parmi les projets financés par ce dispositif, offrant aux entrepreneurs salariés un capital de démarrage avantageux fiscalement.
Quand choisir le PERCO ?
Le PERCO convient aux épargnants souhaitant se constituer un complément de retraite substantiel. Sa vocation long terme permet de bénéficier pleinement des mécanismes d’optimisation fiscale sur plusieurs décennies.
Le PERCO est ainsi particulièrement attractif pour les contribuables disposant d’une capacité d’épargne excédentaire qu’ils peuvent immobiliser jusqu’à la retraite. Grâce à la déductibilité des versements volontaires de l’impôt sur le revenu (dans la limite de 10 % de vos revenus professionnels), il est possible de générer une économie d’impôt immédiate proportionnelle à votre taux marginal d’imposition, créant un effet de levier fiscal que ne propose pas le PEE.
La gestion pilotée constitue également un atout du PERCO pour les épargnants ne souhaitant pas gérer activement leurs investissements. Elle adapte automatiquement la répartition selon votre âge, sécurisant progressivement l’allocation vers des supports moins volatils à l’approche de la retraite. Cette automatisation évite les erreurs de timing et optimise le couple rendement-risque sans intervention de votre part.
Enfin, le PERCO offre une flexibilité de sortie avec le choix entre capital ou rente viagère. La rente garantit un revenu régulier à vie, éliminant le risque de longévité et simplifiant la gestion de vos revenus de retraité. Cette option permet d’adapter votre stratégie selon vos besoins patrimoniaux au moment du départ en retraite, contrairement au PEE qui ne propose qu’une sortie en capital.
VOIR AUSSI : PEA définition : qu’est-ce que le Plan d’Épargne Actions ?
Peut-on cumuler PEE et PERCO ?
La réglementation autorise expressément la répartition de l’épargne salariale entre PEE et PERCO au sein de la même entreprise. Une approche équilibrée consiste à orienter une partie de ses primes vers le PEE pour financer des projets à moyen terme (achat immobilier, création d’entreprise) tout en alimentant le PERCO pour constituer un complément de retraite.
Cette répartition évite de sacrifier ses projets immédiats au profit de la retraite ou inversement, permettant une gestion patrimoniale équilibrée qui répond simultanément aux besoins de court et long terme.
L’abondement de l’employeur peut s’appliquer aux deux plans selon les termes de l’accord d’entreprise, multipliant les opportunités de bonification. Certains accords prévoient des taux d’abondement différenciés pour inciter à privilégier l’un des dispositifs, généralement le PERCO pour encourager l’épargne retraite.
La stratégie de diversification temporelle optimise également la fiscalité. Les versements volontaires déductibles orientés vers le PERCO réduisent l’impôt sur le revenu, tandis que les sommes du PEE restent disponibles pour des besoins plus immédiats. Cette complémentarité maximise les avantages fiscaux selon les besoins de trésorerie.
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