Face à ce phénomène, convaincre un théoricien du complot de changer d’avis est souvent perçu comme une mission impossible. Et si l’on confiait la tâche à l’IA ?
En effet, une nouvelle étude menée par des chercheurs du MIT Sloan School of Management et d’American University montre que l’intelligence artificielle (IA) pourrait bien réussir là où les humains échouent souvent.
Dans cet article :
Une approche personnalisée pour débattre des complots
L’étude, publiée dans Science, a été menée par les chercheurs David Rand, Thomas Costello et Gordon Pennycook. Les résultats ont révèlé que des conversations personnalisées avec des modèles de langage comme GPT-4 Turbo peuvent réduire durablement les croyances en théories du complot. Cette recherche ouvre la voie à l’utilisation de l’IA pour combattre la désinformation. L’IA est ainsi utilisée pour modifier des croyances souvent perçues comme inébranlables.
L’idée de l’étude est que beaucoup complotistes n’ont jamais été confrontés à des contre-arguments pertinents et convaincants. Selon les chercheurs, les débats classiques échouent souvent. La raison serait qu’ils ne prennent pas en compte les spécificités des croyances de chacun. Pour combler cette lacune, ils ont utilisé GPT-4 Turbo pour mener des discussions individuelles et adaptées à chaque croyance.
Dans l’expérience, plus de 2 000 participants ont d’abord décrit en détail une théorie du complot à laquelle ils adhéraient. Ils ont expliqué les preuves ou les arguments qui soutenaient leur point de vue. GPT-4 Turbo a ensuite utilisé ces informations pour résumer leurs croyances et entamer un dialogue personnalisé. L’objectif : réfuter les arguments de chaque participant avec des contre-arguments basés sur des faits.
Ces conversations ont duré moyenne 8,4 minutes. Elles ont permis à l’IA de fournir des réponses sur mesure, directement liées aux préoccupations et aux croyances des individus. Grâce à cette personnalisation, l’IA a pu éviter les pièges des débats traditionnels.
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Des résultats probants et durables
Les résultats de cette étude sont impressionnants. En moyenne, les croyances des participants dans leur théorie du complot ont diminué de 20 % après leur conversation. Plus remarquable encore, environ 25 % des participants ont complètement renoncé à leurs croyances après avoir échangé avec l’IA.
L’effet de ces conversations ne s’est pas estompé avec le temps. Deux mois après l’intervention, les chercheurs ont constaté que les croyances des participants étaient toujours significativement réduites. L’impact s’étendait également à leur comportement. Les participants se sont dits plus enclins à « se désabonner » de comptes diffusant des théories complotistes. Ils se sont mêmes déclarés plus disposés à discuter de leurs croyances avec d’autres personnes.
Ce qui rend ces résultats encore plus significatifs, c’est que l’IA a réussi à réfuter des théories variées. Celles-ci vont des complots sur la pandémie de COVID-19 à des croyances liées à la politique. Bien que certains individus pour qui ces théories étaient centrales dans leur vision du monde aient été plus résistants au changement, l’effet global de l’intervention reste interessant.
L’IA a un potentiel énorme, mais à utiliser avec précaution
Cette étude montre clairement que l’IA peut jouer un rôle crucial dans la réduction des croyances complotistes. Néanmoins, elle soulève aussi des questions éthiques. Comme le soulignent les chercheurs, les modèles de langage pourraient tout aussi bien être utilisés pour renforcer des croyances erronées ou promouvoir des idées fausses si mal dirigés. Il est donc essentiel de déployer ces technologies de manière responsable, en assurant leur orientation vers la promotion de faits et de vérités.
L’étude met aussi en lumière des opportunités pour intégrer l’IA dans les moteurs de recherche ou les réseaux sociaux. Par exemple, des systèmes d’IA pourraient être utilisés pour fournir des informations factuelles aux utilisateurs recherchant des termes associés à des théories du complot.
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