Il aura fallu une crise sanitaire de l’ampleur du coronavirus pour que la haute-couture ose se réinventer. Déployer des trésors d’ingéniosité pour célébrer la mode d’une nouvelle façon, voici le défi que s’est lancé la maison Dior pour présenter sa collection automne-hiver. Consciente de l’urgence de préserver sa renommée et de ne pas dépouiller ses clientes de ce plaisir annuel qu’est la fashion week, Dior a tout simplement réalisé un cinéma miniature.
Inspirées du théâtre de la mode qui date de la seconde guerre mondiale, des poupées miniatures ont été conçues pour arborer les créations Dior. Cette année, dans un contexte exceptionnel qui appelle une réponse inédite, la collection de la maison de haute-couture voyagera à la rencontre de son public pour une représentation féerique.
Le COVID-19 ou comment doper l’imagination
Pandémie, fermeture des frontières, confinement, des circonstances qui ont chamboulé la planète entière livrée à elle-même. De cette situation historique, l’imagination et la créativité ont pu puiser des ressources insoupçonnées. C’est ainsi que contraint de trouver un palliatif à une fashion week à Paris sans défilé, les maisons de haute-couture se sont lancées dans le digital.
Après une présentation des différentes collection sur internet, la maison Dior a elle décidé d’aller plus loin dans le rêve et le surréalisme. Afin de rester proche de ses clientes et de leur proposer un spectacle de toute beauté, la marque française à fait appel à l’Italien Matteo Garrone, auteur de « Dogman » et « Gomorra« , récompensés à Cannes.
Le film de 10 min met en scène une malle représentant le bâtiment historique de la maison Dior, avenue Montaigne. Dans un décor de forêt enchantée où sirènes et nymphes se côtoient, le précieux coffre s’ouvre, laissant apparaître les nouvelles créations Dior revêtues sur des poupées miniatures. Tourné à Rome en trois semaines, le film a été vu plus d’un million de fois en seulement deux heures.
Des petites mains à l’oeuvre pour un spectacle miniature
Dans les ateliers de la grande maison de couture, des centaines de petites mains ont œuvré pendant des semaines pour miniaturiser 36 looks. Les pièces destinées à des mannequins de 40 cm ont représenté un challenge de taille pour les couturiers. En effet, confectionner une robe miniature nécessite une dextérité et une précision encore plus minutieuse. Le travail est identique à celui d’un modèle grandeur nature, mais il faut adapter les détails à la taille ce qui rend l’effort compliqué. « En temps normal on a des plis de 4 mm, ici c’est sur un millimètre », s’amuse une couturière plongée dans la création d’une robe en soie plissée.
Malgré la difficulté, le défi a été apprécié des couturiers de la maison Dior. Ces derniers ont vu là, une occasion de se remettre de la monotonie du confinement. Une expérience intéressante qui aura permis de détourner un concept théâtral aux exigences d’une situation exceptionnelle. Le succès de cette collection semble garanti.
Comme une réponse à ce contexte mondial inédit, la styliste Maria Grazia Chiuri présente pour la première fois une robe de mariée qui clôturera le défilé. La pièce dont le nom n’a pas encore été révélé est en guipure avec une dentelle épaisse conçue sans couture. Les motifs sont insérés les uns aux autres avant que des feuilles et des fleurs n’y soient rajoutés pour créer plus de relief et donner un effet 3D.
Quand la fashion week va à la rencontre de ses clientes
« La réalité du surréalisme, c’est le rêve et l’inconscient (…) et la créativité aide à atténuer les tensions, les peurs« , argue la styliste des collections féminine Dior. Le surréalisme s’exprime pour cette année dans le choix des matières avec des voilages et du plissage. Les créations se veulent légères et natures comme pour la magnifique « robe arbre ». Son haut brodé de perles contraste avec son bas en mousseline couleur chair aux tons variés. L’effilochage apporte la touche finale qui donne à la création toute sa subtilité.
« Nos clientes ne pourront pas venir à Paris et cette collection voyagera vers elles » souligne Maria Grazia Chiuri. Cette dernière précise que la collection parle d’artisanat. Elle est en outre ravie d’avoir pu trouver un cinéaste capable de faire prendre forme à son imaginaire.
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