Beaucoup de personnes sous antidépresseurs ressentent parfois une augmentation de leur anxiété, mais que dit la science ?
Dans cet article :
1. Dans quels cas prendre un antidépresseur et quels sont ses effets ?
Un antidépresseur est un médicament psychotrope qui agit sur les neurotransmetteurs du cerveau, en particulier la sérotonine, la dopamine et la noradrénaline.
Son rôle demeure de rééquilibrer les circuits chimiques quand tout semble grippé là-haut. Il est généralement prescrit en cas de dépression modérée à sévère, mais aussi lors de troubles anxieux généralisés, de TOC, de phobies sociales, de burn-out, de baby blues prolongé ou de troubles paniques.
Les effets positifs peuvent mettre deux à quatre semaines à se faire sentir : regain d’énergie, baisse des ruminations, stabilisation de l’humeur. Mais le revers de la pilule existe avec des effets négatifs : nausées, troubles du sommeil, baisse de la libido, et parfois, un sentiment d’abrutissement émotionnel.
Chaque molécule agit différemment, et un suivi médical régulier est indispensable. Car si l’antidépresseur peut être un tuteur chimique, il ne résout pas tout. Il soutient, il allège, mais il ne guérit pas seul.
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2. Les antidépresseurs peuvent-ils augmenter l’anxiété ?
Oui, paradoxalement, les antidépresseurs peuvent augmenter l’anxiété, surtout dans les premiers jours ou semaines de traitement. Ce phénomène est bien connu, documenté, et fait l’objet de multiples études cliniques et de discussions scientifiques.
La principale théorie repose sur le temps de latence entre les effets neurochimiques et les effets cliniques : dès les premières prises, les ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) comme la fluoxétine ou la paroxétine modifient la transmission de la sérotonine dans le cerveau.
Or, cette stimulation initiale peut déséquilibrer transitoirement le système anxieux, provoquant agitation, nervosité, troubles du sommeil, voire attaques de panique chez certains profils sensibles.
Une étude publiée dans The Lancet Psychiatry a montré que près de 20 à 30 % des patients débutant un ISRS rapportaient une hausse temporaire de l’anxiété.
Certains psychiatres expliquent ce paradoxe par le fait que les récepteurs neuronaux ont besoin de temps pour s’adapter à la hausse de sérotonine : les récepteurs inhibiteurs (notamment les autorécepteurs 5-HT1A) bloquent d’abord la transmission, puis se désensibilisent, laissant place à l’effet thérapeutique réel. Ce qui prend… environ 2 à 4 semaines.
Des chercheurs comme Irving Kirsch, connu pour ses travaux critiques sur l’efficacité réelle des antidépresseurs (Antidepressants and the Placebo Effect), rappellent aussi que l’effet anxiogène initial pourrait être surestimé par les biais d’interprétation du patient (auto-surveillance accrue, peur des médicaments, anxiété anticipatoire).
Pour limiter cette montée d’anxiété, les médecins prescrivent parfois une posologie progressive, ou associent temporairement un anxiolytique (comme l’alprazolam ou le lorazépam).
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3. Comment soigner une dépression ou des troubles anxieux ?
Soigner une dépression ou des troubles anxieux ne se résume jamais à prendre une pilule et attendre que ça passe. C’est un chemin à plusieurs branches, souvent long, parfois chaotique, mais jamais figé. L’approche la plus efficace repose aujourd’hui sur une combinaison médicamenteuse, psychothérapeutique et sociale.
Les médicaments
D’abord, les antidépresseurs peuvent jouer un rôle, notamment en cas de symptômes intenses ou invalidants. Les plus utilisés sont les ISRS (comme la sertraline, l’escitalopram) ou les IRSNa (comme la venlafaxine), choisis selon le profil du patient.
Ils visent à rééquilibrer les neurotransmetteurs et peuvent être associés à des anxiolytiques en début de traitement, le temps que les effets positifs s’installent. On peut aussi ajouter un anxiolytique. Mais le médicament, seul, ne suffit jamais.
La thérapie
Il faut y ajouter une thérapie. Les TCC (thérapies cognitivo-comportementales) sont aujourd’hui les plus recommandées pour traiter à la fois la dépression et les troubles anxieux. Elles permettent d’identifier les pensées automatiques négatives, les biais cognitifs, les cercles vicieux mentaux, et de les déconstruire.
D’autres approches peuvent aussi être bénéfiques selon les cas : thérapies d’acceptation et d’engagement (ACT), thérapies psychodynamiques, EMDR (pour les traumas), thérapies de groupe, etc. Il n’y a pas de « meilleure méthode », mais une thérapie adaptée à chaque personne.
Les approches sociales
Enfin, il y a l’accompagnement médico-social, encore trop méconnu mais essentiel pour ne pas rester seul face à sa souffrance. Des structures comme les CMP (centres médico-psychologiques) proposent un suivi gratuit avec psychiatres, psychologues et infirmiers.
Les SAMSAH (services d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés) peuvent aider dans les cas les plus lourds, notamment pour les personnes qui ont besoin d’un soutien global : à domicile, pour l’accès aux droits, à l’emploi, à la santé, ou simplement pour recréer du lien social.
Il existe aussi des équipes mobiles psychiatriques, des associations de pair-aidance, des groupes de parole, des dispositifs de psychologues remboursés via MonPsy, ou des services hospitaliers de jour.
Ainsi, on soigne une dépression ou un trouble anxieux avec une approche plurielle. Le médicament aide à respirer, la thérapie donne les outils pour comprendre, et l’accompagnement social redonne une colonne vertébrale à la vie quotidienne. Il n’y a pas de honte à avoir besoin d’un trio. Il y a juste l’urgence de ne pas rester seul.
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