Prêt à souffler avant la retraite ? Profitez du temps partiel rémunéré sans faux pas, en évitant les pièges de la retraite progressive.

Passer en douceur de la vie active à la retraite sans couper net avec le monde du travail, c’est le principe de la retraite progressive. Sur le papier, le dispositif a tout pour séduire : moins d’heures au bureau, un salaire complété par une partie de votre pension, et plus de temps libre pour vos projets personnels. Mais derrière cette formule séduisante se cachent des règles strictes et quelques chausse-trapes qui peuvent coûter cher si l’on n’y prend pas garde. À l’approche des nouvelles règles qui l’ouvrent dès 60 ans, voici un tour complet des pièges à éviter pour que la retraite progressive reste un vrai tremplin et pas une mauvaise surprise.
Dans cet article :
Retraite progressive, en deux mots
La retraite progressive permet de réduire son temps de travail et de toucher, en parallèle, une fraction de sa pension (base + complémentaire). À partir du 1er septembre 2025, elle s’ouvre dès 60 ans (au lieu de 62 dans la plupart des cas), à condition d’avoir 150 trimestres et de travailler entre 40 % et 80 % d’un temps plein.
Ce qui change (et ce qui ne change pas)
- Âge d’accès. La barre passe à 60 ans pour tous les régimes ayant une retraite progressive, à effet du 1er septembre 2025 (décrets publiés au JO du 23 juillet 2025).
- Conditions inchangées. Il faut 150 trimestres (tous régimes de base confondus) et un temps partiel compris entre 40 et 80 % (salariés) ; le dispositif s’est élargi depuis 2023 aux fonctions publiques et professions libérales, avec des quotités spécifiques côté public.
VOIR AUSSI : Trimestres retenus ou cotisés : quelle est la différence pour votre retraite ?
Piège n°1 : croire que « salaire + pension = 100 % »
Non, l’addition ne reconstitue pas automatiquement votre ancien net. La pension versée est proportionnelle à la baisse de votre temps de travail (ex. 60 % travaillé = 40 % de la retraite provisoire). Et votre complémentaire Agirc-Arrco peut appliquer des abattements temporaires si vous n’êtes pas encore au taux plein, selon un barème d’âge et de trimestres. Moralité : faites deux simulations (base et complémentaire) avant toute décision.
Piège n°2 : négliger l’accord (formel) de l’employeur
Pour passer à temps partiel, l’accord de l’employeur est requis. Son refus doit être motivé (incompatibilité avec l’activité de l’entreprise) et le silence 2 mois vaut acceptation. Pour sécuriser, demandez et répondez par recommandé.
Piège n°3 : sortir des rails 40–80 % (ou repasser plein temps)
En-dessous de 40 % ou au-dessus de 80 %, la pension est suspendue. Si vous repartez à temps plein, la retraite progressive s’arrête et ne se rouvre plus sur cette même période. De même, si votre revenu à temps partiel (revalorisé) atteint ou dépasse votre ancien revenu : la fraction de pension cesse. Prévenez votre Carsat à chaque changement.
Piège n°4 : oublier de « surcotiser » (quand c’est pertinent)
Travailler moins, c’est acquérir moins de trimestres/points… sauf si votre entreprise accepte la surcotisation comme si vous étiez à temps plein. C’est souvent rentable pour préserver le montant futur, surtout si la phase progressive dure. À étudier avec vos ressources humaines.
Piège n°5 : confondre compatible et incompatible
Certaines situations excluent la retraite progressive : certains mandats de dirigeants sans contrat de travail, VRP qui ne prouvent pas la quotité de temps, etc. Côté public, le temps partiel thérapeutique ne permet pas d’y accéder. Vérifiez votre statut exact avant de demander.
Piège n°6 : sous-estimer la paperasse (et les délais)
- Attestation employeur obligatoire à joindre à la demande.
- Délai : la demande peut être déposée jusqu’à 5 mois avant la date souhaitée.
- Contrôles : répondez dans les temps aux questionnaires de votre caisse, sinon suspension des versements.
Piège n°7 : oublier impôts et prélèvements sociaux
La fraction de pension perçue est imposable comme une retraite, avec CSG/CRDS (taux selon votre revenu fiscal) et autres prélèvements le cas échéant. Attention à l’impact sur votre taux de prélèvement à la source.
Piège n°8 : ignorer les règles propres au public
Dans la fonction publique, les quotités sont bornées (souvent 50/60/70/80/90 % du temps complet) et le temps partiel thérapeutique reste incompatible. Rapprochez-vous de votre DRH pour les grilles applicables à votre versant.
Piège n°9 : penser qu’il n’y a rien à négocier
La retraite progressive peut s’inscrire dans un accord senior de l’entreprise (aménagement de poste, transmission des compétences, formation du remplaçant, maintien de certains avantages). Plus le cadre est écrit, moins vous avez de mauvaises surprises. Des organisations patronales et syndicales encouragent ces aménagements depuis l’ANI de novembre 2024.
VOIR AUSSI : Travailler à la retraite : trois dispositifs à connaître
La check-list anti-mauvaises surprises
- Vérifiez vos droits : âge, 150 trimestres, temps partiel admissible.
- Simulez séparément base et complémentaire (et testez l’option surcotisation).
- Négociez la quotité (40–80 %) et le rythme avec votre employeur ; sécurisez par écrit.
- Anticipez la fiscalité et les prélèvements.
- Bloquez une date et déposez votre demande ≤ 5 mois avant, avec l’attestation employeur.
- Signalez tout changement (quotité, revenus) à la caisse pour éviter une suspension.
La retraite progressive est un bon levier pour souffler sans sacrifier (trop) vos droits, surtout depuis l’ouverture dès 60 ans. Mais elle reste un cadre strict : quotas d’activité, formalités, règles complémentaires et fiscalité. En résolvant ces points en amont avec votre caisse et votre employeur, vous transformez un dispositif parfois piégeux… en vraie transition de fin de carrière.
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