Est-il intéressant d’acheter une voiture électrique en 2023 ?

Le Parlement européen a voté pour l’interdiction de la vente des voitures thermiques dans l’Union européenne à partir de 2035. Cette décision incite le marché de l’automobile à se réorienter vers l’électrique. Mais est-il rentable d’acheter une voiture électrique en 2023 ?

En novembre 2022, la France a immatriculé près de 300.000 nouvelles voitures électriques. Par rapport à l’année précédente, les ventes ont augmenté d’un quart. Cette croissance des ventes de véhicules électriques s’explique sûrement par la décision du Parlement européen. En outre, la population prend progressivement conscience des problèmes liés au réchauffement climatique. D’autant plus que le transport routier en est un facteur important. En plus, le choix est de plus en plus large. 

Les restrictions de circulation, voitures électriques non concernées

Dans le contexte environnemental actuel, plusieurs pays ont pris des dispositions. Pour la France, la multiplication des Zones à Faibles Émissions (ZFE) en fait partie. Selon la loi Climat et Résilience de 2021, ces lieux seront accessibles uniquement aux véhicules détenant une vignette Crit’Air verte 1 ou 2. Cette mesure s’appliquera à partir du début 2025 et permettrait de limiter la pollution atmosphérique dans certaines parties du territoire. En outre, les ZFE seront obligatoires dans les agglomérations qui comptent plus de 150.000 habitants.

Pratiquement, cela signifie qu’un véhicule thermique ancien, plus polluant, n’aura pas accès à ces lieux dits ZFE. Cette restriction sera ponctuelle pour une voiture thermique plus récente. Elle sera effective durant les pics de pollution. Justement, c’est dans ces cas qu’un véhicule électrique aura un grand avantage, puisque ces problèmes ne le concernent pas. Avec l’arrêt de la vente de véhicules thermiques dans l’Union Européenne, l’avenir appartient aux voitures électriques.

Une voiture électrique, un investissement non négligeable

Malgré tout, l’achat d’un véhicule électrique ne peut se faire uniquement sur ce critère. En effet, la principale préoccupation des acheteurs est le prix d’une voiture. Le coût d’une électrique serait même l’un des principaux freins à la transition vers l’électromobilité.

Selon une récente étude du cabinet Deloitte, 8 % des personnes interrogées dans 24 pays pensent passer à l’électrique. Toutefois, plus de la moitié d’entre eux ont du mal à franchir le pas à cause du prix. Les résultats ont montré que les automobilistes sont prêts à payer jusqu’à 30.000 euros pour une telle voiture. Malheureusement, la majorité de ces véhicules dépassent cette limite, principalement en raison de la production des batteries.

« Aujourd’hui, les voitures électriques neuves coûtent entre 30 000 et 50 000 euros, si on écarte les véhicules électriques haut de gamme. »

François Gatineau, président de Mobilesse, une société de conseil et bureau d’études en mobilité électrique

En 2023, une voiture thermique est globalement plus abordable qu’une voiture électrique. Concrètement, la différence de prix entre ces deux types de motorisation dépasse habituellement les 10.000 euros pour un modèle équivalent.

Des aides à l’achat d’une voiture électrique

Puisque la France incite la population à l’électromobilité, l’État propose de faciliter la transition. Les ménages éligibles au bonus écologique peuvent compter sur une aide allant jusqu’à 7.000 euros. Par ailleurs, le gouvernement peut donner jusqu’à 6.000 euros de prime à la conversion. Enfin, les foyers localisés dans une ZFE reçoivent une surprime de 1.000 euros. Par contre, il convient de noter que ces aides gouvernementales se font sous des conditions liées aux revenus.

En outre, il est possible de jouir d’aides locales qui proviennent de collectivités françaises. Le département des Bouches-du-Rhône propose notamment 5.000 euros sans conditions de revenus. En revanche, le bénéficiaire doit conserver le véhicule électrique neuf pour une durée minimum de 3 ans ou une distance parcourue de 65.000 km. En outre, la région Occitanie et la ville de Saint-Maur proposent des aides pour l’achat d’une voiture électrique.

Bien sûr, un véhicule électrique est indissociable d’une borne de recharge. Pour réduire la facture, certains acheteurs sont éligibles à une TVA réduite à 5,5 %. De même, des aides, comme le programme ADVENIR, permettent de jouir d’un financement de 50 % du coût d’installation d’une borne en copropriété. Pour une habitation individuelle, un crédit d’impôt de 300 euros maximum est possible.

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Une assurance souvent moins chère

Concernant l’assurance auto, une voiture électrique offre de meilleures chances de faire des économies. Leur autonomie est encore limitée, ce qui fait que les propriétaires parcourent moins de kilomètres. Cela engendre un taux de sinistralité plus bas par rapport à celui d’une voiture thermique. De plus, les véhicules électriques immatriculés entre 2021 et 2023 bénéficient d’une exonération de la TSCA (la taxe d’assurance).

Bien sûr, il est difficile de faire une comparaison précise entre le coût de l’assurance d’une voiture électrique et d’une thermique. Néanmoins, on estime que la différence de prix s’élève en moyenne à 70 euros en faveur de l’électrique. L’assurance auto de cette dernière coûte environ 562 euros.

Un avantage qui concerne les propriétaires d’un véhicule électrique, sauf si c’est une Tesla. Le coût moyen de l’assurance des voitures de cette marque monte à 900 euros. La raison est simple, les Tesla sont des voitures haut de gamme et particulièrement voyante. Par conséquent, cette marque en particulier est sujette à davantage d’incivilités.

La voiture électrique est plus économique à l’utilisation

Si le prix d’achat d’une voiture est important, les dépenses qu’elle engendre lors de son utilisation sont d’autant plus essentielles.

Une consommation appréciable

Lorsqu’il s’agit des coûts en « carburant », la voiture électrique gagne souvent haut les roues. Bien sûr, la question est à prendre avec des pincettes. Cependant, certains indicateurs permettent de se faire une idée relativement proche de la réalité.

François Gatineau a affirmé que, malgré la hausse du prix de l’énergie, une voiture électrique reste plus économique. Avec de l’éco-conduite, une voiture électrique de milieu de gamme peut aisément consommer 15 kWh aux 100 km. En considérant le nouveau tarif électricité Heure Pleine, cela revient à un coût de 3,3 euros. Quant à un véhicule thermique de même gamme, sa consommation environne les 6 litres aux 100 km avec de l’éco-conduite. En considérant le prix actuel du carburant, quasiment 2 euros, cette course couterait 12 euros.

Toutefois, au niveau de la consommation d’énergie ou de carburant, un véhicule électrique est donc intéressant à certaines conditions. Le nombre de kilomètres à parcourir durant l’année doit être relativement élevé. Éviter autant que possible les réseaux de recharge avec des prix élevés permet pareillement de rentabiliser l’achat. En effet, les propriétaires ont plusieurs choix pour recharger leur véhicule. Néanmoins, le prix de la recharge à domicile est de loin plus avantageux. 

Moins d’entretien à prévoir pour une voiture électrique

La voiture électrique dispose de mécanismes plus simples. Par conséquent, elle est moins susceptible de tomber en panne. D’autant plus qu’un moteur électrique est réputé pour sa longévité.

En comparant une voiture thermique avec une électrique, on se rend compte que cette dernière s’affranchit de plusieurs charges liées à l’entretien. La vidange, les bougies et la courroie de distribution sont des exemples de tâches en moins. Évidemment, le renouvellement systématique des pneumatiques et des plaquettes de frein demeure, de même pour les essuie-glaces et le lave-glace. Cependant, les systèmes de freinage régénératifs offrent une durée de vie bien plus longue aux classiques disques de freins.

Globalement, un véhicule à motorisation thermique a besoin d’une révision tous les 15.000 à 20.000 km. L’intervalle entre les révisions d’une voiture électrique peut atteindre environ le double, soit 30.000 km. De plus, les pièces à changer à ces moments-là sont limitées. On estime que le prix de l’entretien annuel d’un véhicule électrique est d’approximativement 800 euros. En comparaison, celui d’une motorisation thermique dépasse souvent les 1.000 euros et peut même atteindre les 4.000 euros. 

Cette différence de prix s’équilibre une fois que les dépenses associées à la batterie sont prises en compte. En effet, si la voiture en elle-même est extrêmement durable, sa durée de vie dépend surtout de la batterie. Cette dernière peut rester fonctionnelle jusqu’à 10 à 20 ans selon les modèles. Ensuite, il faut débourser 10.000, voire 30.000 euros, pour la remplacer. Heureusement, certains constructeurs proposent de louer la batterie, ce qui permet d’alléger le coût.

Un choix difficile ? 

Avec toutes ces informations, on pourrait penser que les voitures électriques sont décidément plus intéressantes. Cependant, il y a d’autres facteurs à prendre en compte. Si la motorisation électrique sera une obligation, les infrastructures ne sont pas complètement au point. 

Les bornes de recharges publiques sont encore, par exemple, relativement rares et parfois très coûteuses. De plus, peu d’installations proposent une recharge rapide, ce qui force les automobilistes à patienter des heures. Sans oublier que certaines personnes occupent ces places sans avoir besoin de recharger leur voiture. Ces problèmes sont non négligeables puisque l’autonomie d’une électrique laisse encore à désirer.

Dans tous les cas, la technologie des voitures électriques représente un potentiel indéniable. Une innovation importante concernant le stockage d’énergie peut arriver à tout moment. Le cas échéant, les véhicules électriques actuels subiront une décote importante. En fin de compte, il n’existe aucune certitude quant au meilleur choix en 2023. Cependant, chacun devra prendre en compte sa propre situation, le contexte dans lequel il évolue. Cela concerne non seulement les restrictions, mais aussi les conditions de recharge.