L’IA et les effets spéciaux bouleversent déjà Hollywood. Depuis quelques années, en effet, des personnages disparus ou rajeunis font leur retour à l’écran grâce aux technologies numériques.

Les studios explorent désormais de nouvelles possibilités avec l’IA. Il ne s’agit plus aujourd’hui de se contenter de rajeunir un acteur ou de ressusciter une star disparue. Elle peut générer des visages inédits, recréer des voix avec une précision troublante et même simuler des mouvements réalistes. Ces avancées ouvrent un champ créatif immense, mais suscitent aussi des débats éthiques sur l’authenticité des performances et la place de l’humain dans le processus artistique.
Star Wars a ressuscité des acteurs disparus grâce à l’IA
Dans Rogue One: A Star Wars Story, sorti en 2016, les spectateurs ont été surpris de retrouver deux personnages emblématiques de la saga : le Grand Moff Tarkin et la princesse Leia. Pourtant, l’acteur Peter Cushing, qui incarnait Tarkin, était décédé depuis plus de vingt ans. Et Carrie Fisher, l’interprète de Leia, était bien plus âgée que dans le film. Pour les faire réapparaître tels qu’ils étaient dans les années 1970, les studios ont utilisé une technique spectaculaire.
Ils ont recréé numériquement leurs visages en images de synthèse. Puis, ils les ont superposés à des comédiens jouant les scènes à leur place. Le résultat est saisissant de réalisme, au point de brouiller la frontière entre vrai et faux. Ce procédé a marqué un tournant majeur dans l’histoire du cinéma. Et il a ouvert la voie à une nouvelle ère où les acteurs peuvent, en quelque sorte, vivre éternellement à l’écran.
Le deepfake de Luke Skywalker dans The Mandalorian
Cette mise en scène a été rendue possible par des technologies de pointe. Dans les séries The Mandalorian et The Book of Boba Fett, les fans de Star Wars ont retrouvé un Luke Skywalker jeune. C’était comme s’il n’avait jamais vieilli depuis les années 1980. Pourtant, ce n’était pas Mark Hamill en personne devant la caméra.
Un autre acteur jouait le rôle physiquement, tandis que son visage était remplacé numériquement par un deepfake du jeune Hamill, conçu à partir d’archives vidéo. Encore plus impressionnant : sa voix, elle aussi, a été entièrement générée par une intelligence artificielle. Pour ce faire, l’algorithme s’est servi d’enregistrements anciens de l’acteur.
Here, une IA pour rajeunir Tom Hanks et Robin Wright
Dans Here, le nouveau film de Robert Zemeckis, Tom Hanks et Robin Wright interprètent leurs personnages à plusieurs étapes de leur vie. Il n’y a eu besoin d’aucun moindre maquillage ni effets spéciaux traditionnels. Le mérite de cet exploit revient à une intelligence artificielle développée par la société Metaphysic.
Cette technologie innovante permet de modifier en temps réel l’apparence des acteurs à l’écran, en rajeunissant ou vieillissant leurs traits avec une précision bluffante. Contrairement aux méthodes habituelles qui nécessitent de longues heures de postproduction, tout se fait ici en direct, pendant le tournage. Le résultat est si convaincant qu’il brouille complètement la frontière entre réalité et illusion.
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Existe-t-il déjà un film entièrement généré par IA ?
Echo Hunter, un court-métrage de science-fiction, est considéré comme le tout premier film entièrement généré par intelligence artificielle. Ici, il n’y a aucun décor réel ni acteur filmé en chair et en os : tout a été créé numériquement. Les visages et les voix des comédiens ont été reconstitués à partir de leurs performances originales. Ces dernières ont été traitées par des outils d’IA capables d’imiter leurs expressions, leur intonation et leur gestuelle avec une grande fidélité.
Ce procédé inédit repousse les limites de la création cinématographique, notamment pour les productions à petit budget. Echo Hunter marque ainsi un tournant pour le cinéma indépendant en prouvant qu’il est possible de réaliser des films complexes sans infrastructure lourde,
Hollywood veut recréer des films perdus
Ce n’est plus de la science-fiction : c’est déjà en marche. Plusieurs studios collaborent actuellement pour reconstruire le film The Magnificent Ambersons, réalisé par Orson Welles en 1942. En fait, de précieuses séquences ont été perdues après un remontage imposé par le studio. L’objectif est de redonner vie à cette œuvre inachevée. L’idée est de s’appuyant sur des photos de tournage, des documents d’archives et des technologies de reconstitution numérique.
Grâce à l’intelligence artificielle et à la modélisation 3D, les équipes tentent de recréer les scènes disparues. Ce projet ambitieux soulève autant d’espoirs que de questions. En tout cas, il montre déjà à quel point l’IA peut devenir un outil puissant de restauration et de préservation du patrimoine cinématographique.
Faut-il s’inquiéter de cette révolution ?
Mais ces avancées technologiques soulèvent aussi de nombreuses interrogations. Jusqu’où peut-on aller sans trahir l’essence du jeu d’acteur ? Si un visage, une voix ou même une performance entière peuvent être recréés artificiellement, que reste-t-il du travail humain, de l’émotion spontanée, de la présence unique d’un interprète ?
Le public lui-même acceptera-t-il des films portés par des « stars virtuelles », générées de toutes pièces ou prolongées indéfiniment par des algorithmes ? Et surtout, à long terme, les comédiens risquent-ils d’être éclipsés par leurs doubles numériques, utilisés sans fin, même après leur mort ? Autant de questions éthiques et artistiques que le cinéma devra affronter dans les années à venir.
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