Peut-on vraiment échapper à ce que l’on est ? Une plongée dans un proverbe qui dévoile la force tenace de notre vraie nature !

L’expression « Chassez le naturel, il revient au galop » fait partie de ces proverbes qui traversent les siècles sans perdre de leur pertinence. Couramment utilisée dans la langue française, elle illustre l’idée qu’on ne peut pas dissimuler durablement sa véritable nature, ses penchants ou ses habitudes profondes. Mais d’où vient-elle, que signifie-t-elle vraiment et comment s’emploie-t-elle aujourd’hui ?
Dans cet article :
Une expression héritée de la littérature classique
Cette formule trouve son origine dans les Fables de Jean de La Fontaine, précisément dans « L’Huître et les Plaideurs » (livre IX, fable 10), où l’auteur conclut : « Chassez le naturel, il revient au galop. »
À travers cette sentence, La Fontaine reprend une idée déjà présente chez les Anciens. Le poète latin Horace, dans son Art poétique (Epistula ad Pisones), écrivait : « Naturam expellas furca, tamen usque recurret » (Chassez la nature avec une fourche, elle reviendra toujours). La Fontaine modernise cette pensée en l’habillant d’une image frappante : celle du galop du cheval, symbole de vitesse et de force irrésistible.
« Chassez le naturel, il revient au galop » : ce que cela signifie vraiment
Le proverbe illustre un constat psychologique universel :
- Les traits de caractère profonds, bons ou mauvais, ne disparaissent pas vraiment, même si l’on tente de les masquer.
- Les habitudes, qu’elles soient liées à l’éducation, à la personnalité ou aux instincts, finissent par ressurgir tôt ou tard.
- En d’autres termes, on peut se contraindre à changer ou à paraître autrement, mais la vérité intérieure revient toujours.
Il s’agit donc d’une leçon sur la constance de la nature humaine, mais aussi sur les limites de la dissimulation et du façonnage de soi.

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Une lecture psychologique et sociologique
D’un point de vue psychologique, l’expression illustre ce que Carl Gustav Jung appelait la persona : le masque social ou soi social, que nous portons pour nous adapter. Mais ce masque, tôt ou tard, se fissure, laissant apparaître la véritable personnalité.
En sociologie, on pourrait rapprocher ce proverbe du concept de l’habitus chez Pierre Bourdieu : ces schémas de pensée et de comportement, forgés par l’éducation et l’expérience, qui nous façonnent en profondeur. Même si l’on tente de les gommer, ils rejaillissent dans nos attitudes spontanées.
Des exemples dans la vie quotidienne
- En amour : une personne au caractère jaloux tente de se montrer confiante au début d’une relation, mais ses soupçons finissent par ressurgir.
- Au travail : un manager qui essaie d’adopter un style collaboratif, mais qui retombe vite dans l’autoritarisme.
- Dans la famille : un enfant qui fait des efforts pour paraître sage devant ses parents, mais dont l’énergie déborde dès qu’il se relâche.
Ces exemples illustrent la force de l’expression : chacun peut la vérifier dans son quotidien.
Variations et expressions proches
On retrouve des proverbes similaires dans d’autres cultures et langues, toujours autour de l’idée que l’essence profonde est inchangeable.
- En anglais : « What is bred in the bone will come out in the flesh » (Ce qui est ancré dans l’os ressortira dans la chair).
- En espagnol : « Genio y figura hasta la sepultura » (Le tempérament et l’allure jusqu’à la tombe).
En français, on peut rapprocher ce proverbe de :
- « Le loup perd ses poils, mais non ses habitudes »
- « Chassez le naturel, il revient toujours » (version simplifiée).

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Une réflexion philosophique : peut-on vraiment changer ?
Derrière le proverbe se cache une question éternelle : sommes-nous prisonniers de notre nature ?
- Les stoïciens pensaient qu’il fallait apprendre à se connaître et à accepter ses limites.
- Les existentialistes, comme Sartre, défendaient au contraire l’idée de liberté et de dépassement de soi.
Peut-être que la vérité se situe entre les deux : certains aspects sont malléables, mais d’autres constituent le noyau dur de notre identité.
« Chassez le naturel, il revient au galop » est bien plus qu’un simple proverbe : c’est une réflexion intemporelle sur la constance des penchants humains. Derrière son ton léger et imagé, il nous rappelle que, malgré les artifices et les efforts pour changer, notre véritable nature finit toujours par se manifester.
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