De la chambre aux murs tapissés de portraits de psychopathes à la scène du crime, retour sur l’affaire glaçante de Shaye Groves.
Elle avait 27 ans, une passion pour les serial killers, un goût affiché pour le sadomasochisme et une obsession macabre pour l’esthétique du crime. Il avait 25 ans, une liaison douteuse, un passé flou, et peut-être plus d’ombres que de lumière. Ils vivaient une relation toxique, filmée, scénarisée, parfois consentie, parfois floue. Jusqu’au 17 juillet 2022. Quand Shaye Groves a pris un couteau… et tranché la gorge de son compagnon.
Une scène de crime théâtralisée : l’affaire Shaye Groves
Ce soir-là, dans la maison de Shaye Groves à Havant, dans le Hampshire (sud de l’Angleterre), c’est un décor presque cinématographique que découvrent les policiers.
Frankie Fitzgerald, 25 ans, gît dans une mare de sang. Gorge ouverte. Poitrine lacérée de coups de couteau. L’agression est brutale, répétitive, quasi rituelle. Le rapport d’autopsie confirmera l’acharnement : plusieurs coups nets, ciblés, comme si elle savait où frapper. Et ce n’est pas tout.
Dans la chambre, des cadres soigneusement accrochés aux murs affichent des visages connus. Pas des acteurs. Pas des idoles. Des tueurs en série. Charles Manson. Jeffrey Dahmer. Richard Ramirez.
Tous là. Encadrés. Exhibés.
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Une passion true crime qui vire à l’obsession
Shaye Groves ne cachait pas ses goûts. Bien au contraire. Elle consommait des documentaires criminels comme d’autres enchaînent les séries Netflix. Et elle collectionnait les biographies de gangsters. Elle filmait ses ébats, scénarisait ses rapports, et selon ses propres mots, avait appris à « créer un récit crédible. »
« Elle connaît bien les scènes de crime, elle sait comment fabriquer un faux alibi », a souligné l’avocat de l’accusation pendant le procès.
Ce n’était pas une tueuse née. C’était une fan qui a franchi la ligne. Dans la version de Shaye Groves, ce meurtre n’était ni prémédité, ni gratuit. Elle dit avoir découvert des messages dans le téléphone de Frankie. Des échanges avec une jeune fille de 13 ans. Et elle aurait “craqué”. Pris un couteau. Et perdu le contrôle.
Quelques instants après le crime, elle appelle une amie en FaceTime et lui confesse : « J’ai pété les plombs. Il parlait avec une gamine. » Mais rapidement, cette version se fissure.
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Groves tente alors de changer de stratégie
Elle affirme que Frankie l’a violée, qu’il l’a frappée, qu’il la manipulait. Pour le prouver, elle remet à la police trois extraits vidéo dans lesquels Frankie semble agressif. Mais les enquêteurs remettent la main sur les vidéos complètes. Et là, tout s’effondre.
Les séquences sont consenties. Sadomasochistes, oui. Violentes, oui. Mais mutuellement acceptées. À mesure que l’enquête avance, un autre récit s’impose. Celui d’une femme intelligente, calculatrice, inspirée par les pires criminels… qui aurait répliqué leurs méthodes.
Elle aurait soigneusement préparé un mobile, créé une mise en scène, contacté une amie pour alibi, tenté de brouiller les pistes avec des vidéos “coupées”.
Sexe, pouvoir, sang : une relation explosive
Les témoignages décrivent une relation instable, toxique, ambiguë. Les deux partenaires entretenaient des rapports BDSM réguliers, qu’ils filmaient. Certains proches parlent de jeux de domination poussés. D’un besoin de contrôle. De rapports de force permanents.
“Elle disait souvent qu’elle aimait être regardée. Qu’elle se sentait invincible quand elle dominait.” Shaye Groves appelait Frankie “son jouet.” Lui aurait commencé à s’éloigner. À lui échapper. Et elle, peut-être, n’a pas supporté de perdre le rôle principal dans sa propre mise en scène.
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Un procès glaçant, un verdict tranchant
Le procès, tenu à Winchester début 2023, a captivé l’opinion publique britannique. Pas pour le sang. Mais pour la mise en abyme.
Une femme qui idolâtre les tueurs. Qui tue. Puis tente de manipuler les preuves, comme dans les histoires qu’elle aime tant. Un mélange de Misery, de Dexter, et de réalité sordide.
Le verdict est tombé : coupable de meurtre. La juge a souligné une “manipulation délibérée des faits” et une “violence motivée par un besoin de contrôle, plus que par la peur.”
Cette affaire réveille une question qu’on refuse souvent de poser : jusqu’où peut aller l’obsession pour le true crime ? Les portraits encadrés, les lectures sanglantes, les jeux sexuels filmés… tout cela ne fait pas un meurtrier. Mais dans le cas de Shaye Groves, la porosité entre fantasme et passage à l’acte est devenue indéniable.
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