Rares sont les personnes qiu savent admettre leur tord. Il semble être inné chez l’être h’humain d’avoir tendance à croire qu’il a toujours raison. Cependant, selon une nouvelle étude, cette certitude pourrait être fondée sur une illusion : l’illusion de l’adéquation de l’information.
L’étude a été publiée par des chercheurs de l’Université de l’État de l’Ohio. Elle met en lumière un phénomène psychologique qui pourrait changer notre manière de percevoir nos débats, nos prises de décisions, et même nos relations interpersonnelles.
Qu’est-ce que l’illusion de l’adéquation de l’information ?
L’étude até menée par Angus Fletcher, professeur d’anglais à l’Université de l’État de l’Ohio, et ses collègues de Johns Hopkins et Stanford. Elle examine comment les gens prennent des décisions et pourquoi ils se sentent souvent confiants dans leurs conclusions, même lorsque leurs informations sont partielles ou incomplètes.
Ce biais cognitif est appelé « illusion de l’adéquation de l’information ». Il désigne la tendance des individus à croire qu’ils ont assez de données pour faire un choix, même quand ce n’est pas le cas. Cela conduit à une prise de décision basée sur des informations limitées, mais accompagnée d’une confiance excessive. Fletcher explique que lorsque les gens reçoivent quelques morceaux d’information qui semblent cohérents, ils concluent souvent : « cela semble correct », et s’arrêtent là, convaincus de leur jugement.
L’étude a été publiée le 9 octobre 2024 dans le journal PLOS ONE. Elle révèle que ce phénomène est beaucoup plus répandu que ce que l’on pourrait penser. Il toucherait des décisions allant des petites disputes interpersonnelles aux décisions plus complexes sur le lieu de travail ou dans la vie quotidienne.
Ceux qui sont moins informés sont plus sûrs de leurs décisions
Pour comprendre l’étendue de cette illusion, les chercheurs ont conçu une expérience impliquant 1 261 participants américains répartis en trois groupes. Chaque groupe a lu un article fictif portant sur un débat concernant une école qui manquait d’eau. Le premier groupe a reçu uniquement des arguments en faveur d’une fusion avec une autre école qui avait suffisamment de ressources en eau. Le second groupe a lu des arguments en faveur de rester séparé et de trouver d’autres solutions. Enfin, le troisième groupe a eu accès à toutes les informations : les arguments pour et contre la fusion.
Les résultats sont frappants : les participants ayant reçu des informations unilatérales — soit uniquement pour ou uniquement contre la fusion — étaient souvent plus confiants dans leur décision que ceux qui avaient lu l’intégralité des arguments des deux côtés.
Au final, lorsque nous n’avons qu’une moitié de l’histoire, nous avons tendance à être persuadés d’avoir tout ce qu’il nous faut pour trancher.
« Ils étaient tout à fait certains que leur décision était la bonne, même s’ils n’avaient pas tous les faits. »
Fletcher
Réalisme naïf : une autre illusion impliquée dans nos malentendus
Les implications de cette recherche vont bien au-delà du cadre des débats académiques. Elles touchent à la manière dont nous communiquons et comprenons les points de vue des autres. Dans nos relations interpersonnelles, cette illusion de l’adéquation de l’information peut alimenter les désaccords.
Nous croyons souvent que nos perspectives sont correctes simplement parce que nous disposons de quelques faits qui semblent suffisants. Cela est particulièrement vrai dans les discussions où l’émotion est forte. Citons par exemple les débats politiques, les conflits familiaux, ou les décisions d’affaires.
Le phénomène que Fletcher et ses collègues ont mis en évidence rappelle également un autre biais cognitif bien documenté. Ils ont parlé du « réalisme naïf ». C’est la croyance que notre perception subjective d’une situation est la réalité objective. La différence ici est que l’illusion de l’adéquation de l’information n’implique pas nécessairement des divergences de perspectives. Elle est plutôt une illusion partagée. En effet, même lorsque deux parties partagent des informations similaires, elles peuvent toutes deux croire, à tort, qu’elles détiennent toutes les clés pour prendre la bonne décision.
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Il est possible de changer d’opinion !
Toutefois, les résultats ne sont pas totalement pessimistes. L’étude a révélé une lueur d’espoir. En effet, certains participants, après avoir reçu des informations supplémentaires provenant de l’autre côté de l’argument, étaient prêts à reconsidérer leur position. Cela suggère que, dans certains cas, les individus peuvent changer d’avis lorsqu’ils obtiennent une image plus complète d’une situation.
Fletcher note toutefois que cette ouverture d’esprit ets relative. Elle est plus probable dans des situations où les enjeux ne sont pas trop liés à des idéologies profondément enracinées. Par exemple, dans les débats politiques ou idéologiques, il est souvent difficile de faire changer d’avis quelqu’un. La personne peut garder sa position même face à de nouvelles preuves. En fait, les individus ont tendance à reformuler de nouvelles informations pour les intégrer à leurs croyances préexistantes.
L’importance de peser le pour et le contre
Alors, comment pouvons-nous éviter de tomber dans le piège de l’illusion de l’adéquation de l’information ? La réponse, selon les chercheurs, réside dans l’humilité intellectuelle et la reconnaissance de notre propre ignorance.
« Votre premier réflexe, lorsque vous êtes en désaccord avec quelqu’un, devrait être de vous demander : ‘Est-ce qu’il me manque des informations qui pourraient m’aider à mieux comprendre leur point de vue ? »
Fletcher
Cela peut sembler simple, mais dans la pratique, il est souvent difficile de mettre ce principe en œuvre. Ça l’est d’autant plus lorsque nous sommes émotionnellement investis dans un sujet ou une position. Pourtant, en cultivant cette attitude de curiosité et de scepticisme sain, nous pouvons améliorer la qualité de nos décisions. Cela permet aussi d’enrichir nos relations en étant plus ouverts aux perspectives des autres.
Combattre le biais informationnel à l’ère du numérique
Dans le monde moderne, l’illusion de l’adéquation de l’information peut être exacerbée par l’accès à une quantité immense de données en ligne. Les algorithmes des réseaux sociaux et des moteurs de recherche nous montrent souvent des contenus qui confirment nos croyances, renforçant notre confiance dans des informations biaisées ou incomplètes. C’est ce qu’on appelle l’effet de bulle de filtre.
Dans cet environnement, il est plus important que jamais de faire preuve de discernement. Cela signifie non seulement rechercher activement des sources d’informations contradictoires, mais aussi être prêt à admettre que nos connaissances peuvent être limitées.
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5 commentaires
Super intéressant ! Ça me fait réfléchir à toutes ces fois où j’étais persuadé d’avoir raison sans même vérifier les infos… C’est fou comment on peut se faire piéger ! On devrait vraiment tous prendre plus de recul sur ce qu’on pense savoir. Merci pour l’explication ! 🙂
Ce texte me fait penser à des débats que j’ai eus avec mes amis… Toujours sûre de moi, mais au final, j’avais pas tous les éléments 🤔. C’est vrai qu’on devrait creuser plus avant de tirer des conclusions… En tout cas, ça fait réfléchir ! Merci de m’avoir ouvert les yeux là-dessus.
Trop vrai !! On se croit souvent plus malin que les autres et au final, on passe à côté de trucs super importants. Moi, j’essaye de toujours écouter les autres avant de me faire une opinion maintenant… Mais c’est pas facile 😅. Bonne réflexion en tout cas 👍.
Intéressant mais c’est un peu trop général pour moi. J’aurais aimé plus d’exemples concrets sur comment on peut éviter de tomber dans ce piège. Des petits conseils pratiques quoi :/ Mais sinon, j’aime bien l’idée !
Très juste ! Ça me fait penser à toutes ces discussions sur les réseaux où tout le monde est convaincu d’avoir raison… Perso, je vais essayer de mieux vérifier les infos avant d’argumenter à l’avenir. Mais franchement, c’est plus facile à dire qu’à faire 😅.