Près de 86% des étudiants de 16 pays, dont la France, utilisent l’IA pour leurs devoirs. Mais certains se font prendre la main dans le sac.

L’arrivée de l’intelligence artificielle a changé les habitudes dans l’enseignement. Selon les statistiques de Digital Education Council, 86 % des étudiants de 16 pays ont recours à l’IA pour faire leurs devoirs. Si certains l’utilisent partiellement, d’autres n’hésitent pas à l’utiliser pour rédiger le devoir entier. Ce qui donne goût à la paresse et pousse à la tricherie. Un enseignant, nommé Alexandre, enseignant le management, le droit et l’économie en terminale STMG dans l’académie de Versailles, raconte comment il a attrapé des étudiants qui ont utilisé ChatGPT pour leur devoir de table.
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ChatGPT, nouvelle alliée à la tricherie
L’avènement de l’intelligence artificielle ne change pas que les habitudes au niveau des apprenants. Elle force également les enseignants à s’adapter. C’est ce que fait depuis trois ans Alexandre, enseignant et correcteur au bac et jury au grand oral. “Beaucoup d’élèves s’en servent, certains comme aide à la rédaction, d’autres pour rédiger leurs devoirs entiers”. Sans une adaptation de la part de l’enseignant, il devient presque impossible de détecter ces cas, affirme-t-il.
Même s’il n’existe pas encore des données nationales officielles pour prendre en compte l’ampleur de l’utilisation de ces outils, les données alternatives nous permettent d’avoir une vue globale. Les chiffres avancés par le Digital Education Council dévoilent à ce propos une utilisation massive des outils IA. Alexandre le constate d’ailleurs souvent et il devient plus facile pour lui de détecter les cas. Il se souvient à cet effet d’un de ses élèves qui “récitait son exposé comme une poésie, sans intonation”. Pour s’assurer qu’il était auteur de ce qu’il disait ou s’il en comprenait le sens, l’enseignant demande à l’élève de lui donner la signification d’un des termes employés. “L’élève est resté muet, il ne savait pas ce qu’il disait. C’est à ce moment-là que j’ai compris qu’il avait tout pompé sur ChatGPT”, a-t-il révélé.
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Quand les élèves copient sans comprendre, croyant l’IA infaillible
Tout comme internet, l’intelligence artificielle peut aider à apprendre et à préparer ses contrôles. À condition de comprendre ce qu’on lit, cette aide pourrait apporter l’effet contraire à ce qui est désiré. Malheureusement, c’est ce qui se passe majoritairement en ce moment. Au sein des élèves, comme du grand public : l’IA est considérée comme un outil infaillible. Ainsi, tout ce que l’outil offre comme réponse est pris comme parole d’Évangile, sans un minimum de recherche ou d’exercice de pensée critique.
Pour Alexandre, l’enseignant arrive à détecter l’écart entre l’élève et ce qu’il affirme. Il se souvient d’ailleurs de deux élèves qui ont entièrement utilisé l’IA pour leur devoir de table en économie : “Ce n’était ni leur vocabulaire ni leur niveau”. Leurs copies contenaient notamment des expressions inhabituelles, dont “catalyseur de croissance” et le ‘‘multiplicateur keynésien”. À la question de savoir ce que ces deux expressions veulent dire, ils répondent simplement “Ah, monsieur, on a oublié”. “C’est du ChatGPT, ça se voit, c’est complètement pompé. Et la formulation des phrases ne leur correspond pas”, déclare Alexandre. Chose que les deux élèves ont fini par avouer.
L’enseignant avoue n’avoir pas sanctionné les élèves. “ChatGPT peut être utile pour comprendre un cours ou préparer un exposé, à condition de vérifier ce qu’on lit. Ça peut même apprendre aux élèves à faire le tri dans les informations”, a-t-il souligné.
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