L’affaire Rémy Roy ou l’affaire du « tueur du Minitel » demeure l’une des affaires criminelles les plus perturbantes, retour sur son histoire.

À la fin des années 80, la France découvre un outil révolutionnaire : le Minitel. Derrière son écran noir et ses caractères verts, on pouvait tout faire, comme chercher un emploi, flirter, commander un billet de train.
Mais dans les recoins du “Minitel rose”, un autre univers prenait forme. Plus intime et plus dangereux. C’est là qu’un père de famille sans histoire, Rémy Roy, a trouvé ses proies. Trois morts, un survivant. Et un surnom resté dans les annales criminelles : le tueur du Minitel.
Dans cet article :
Qui était Rémy Roy ?
Né en 1958, Rémy Roy grandit dans un environnement stable et aimant. Élevé chez les frères de Saint-Vincent de Paul, il mène une vie sans éclat : études moyennes, passion pour la mer, carrière de skipper.
Il croise Florence Arthaud, Philippe Poupon, et navigue sur l’ancien trimaran d’Olivier de Kersauson. Plus tard, il épouse une libraire à Villejuif, devient père de deux enfants, et mène une existence ordinaire.
Mais en 1988, tout s’effondre. L’entreprise vidéo qu’il monte depuis son domicile fait faillite. Roy s’isole, déprime, grossit, passe ses journées au lit. Puis il découvre le Minitel rose. Ce qui n’était au départ qu’un passe-temps devient vite une obsession.
Il y passe des heures, chaque jour. Et derrière les pseudonymes, il trouve un exutoire à sa solitude, avant d’y libérer ses pulsions meurtrières.
Plusieurs meurtres prêtés au « tueur au Minitel »
Le 11 octobre 1990, Paul Bernard, 46 ans, agent d’assurances à Issy-les-Moulineaux, donne rendez-vous à un inconnu rencontré sur le Minitel. Le lendemain, son corps est retrouvé dans un bois de Draveil. Nu, bâillonné, les mains et les testicules attachés, le crâne fracassé. L’agresseur a reconstitué une scène à connotation sadomasochiste, sans traces de rapport sexuel.
Une semaine plus tard, dans la nuit du 19 au 20 octobre, Gilbert Duquesnoy, 48 ans, astrologue connu sous le nom de “mage Nathaniel”, subit le même sort à Champigny-sur-Marne. Cagoule en cuir, chevilles liées, tête broyée à coups de marteau.
Puis, le 17 novembre 1990, Hugues Moreau, 41 ans, chef d’entreprise à Paris 16ᵉ, est retrouvé nu, allongé sur le ventre, entouré de chaînes et d’accessoires SM. Là, Rémy Roy lui avait volé ses cartes, ses chéquiers et un télécopieur. Avec un chèque volé, il achète ensuite un caméscope sous-marin.
La police remonte la piste
Pendant près d’un an, il échappe à la police. Jusqu’à sa dernière tentative. Le 8 octobre 1991, Roy frappe une quatrième fois. Il se présente chez Bruno Giraudon, 32 ans, fonctionnaire à Villeneuve-Saint-Georges, rencontré via Minitel. Prétexte : un tournage photo. Puis il sort son matériel de “jeux” et tente d’imposer une mise en scène. Bruno refuse. Rémy Roy saisit un pied de lampe en pierre et frappe.
Mais cette fois, la victime survit. Trois jours de coma, puis le témoignage qui fera basculer l’enquête. Grâce aux chèques volés et utilisés pour acheter du matériel vidéo, les policiers remontent la piste.
Dans un magasin équipé de caméras, le visage du tueur apparaît. L’image circule dans les rédactions nautiques, et un journaliste du magazine Neptune Yachting reconnaît immédiatement l’homme : Rémy Roy, ancien skipper et pigiste occasionnel.
Le 28 novembre 1991, il est arrêté chez lui à Villejuif. Dans sa poche, il avait les papiers de Bruno Giraudon, avec sa propre photo collée dessus.

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Une condamnation à perpétuité
Lors de sa garde à vue, Roy se défend maladroitement : « Je ne suis pas homosexuel. C’est eux qui m’ont harcelé ». Il décrit chaque meurtre comme une “réaction de colère” face à des avances subies. Mais son récit ne colle pas aux faits.
Les psychiatres relèvent chez lui un mélange explosif : pulsions sadomasochistes refoulées, rejet de sa propre sexualité, frustration et besoin de contrôle.
Son passé ne plaide ni la folie, ni la misère. Les enquêteurs découvrent un homme intelligent, organisé, méticuleux dans ses mises en scène. Un tueur méthodique, pas un monstre impulsif.
Le procès s’ouvre le 26 juin 1996 à Créteil. Les débats passionnent la presse : c’est l’un des premiers crimes français liés à un outil informatique. Le Minitel, jusque-là symbole de modernité, devient le miroir noir d’une époque.
Les jurés entendent un homme calme, presque effacé, qui parle longuement de solitude et de honte. Mais le verdict est sans appel : Rémy Roy est reconnu coupable de trois meurtres et d’une tentative d’assassinat.
Le 28 juin 1996, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 18 ans. Rémy Roy incarne une transition : celle où le crime découvre la communication numérique.
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