Les produits laitiers ne sont pas aussi bons que vous le pensez pour votre santé, on vous explique pourquoi.

« Tu connais l’histoire de Paf Paf Paf le loup ? » . “Les produits laitiers sont nos amis pour la vie.” On a tous grandi avec ce slogan. Répété en boucle à la télé, imprimé sur les murs des cantines, martelé dans les pubs du Programme National Nutrition Santé (PNNS). Mais si on appuyait sur pause ? Si on regardait froidement les faits, au-delà des clichés et des campagnes marketing ? Les produits laitiers sont-ils vraiment indispensables ? Bénéfiques ? Ou juste tolérés ? Petit état des lieux d’un aliment plus polémique qu’il n’y paraît.
Dans cet article :
D’où vient ce mantra ?
Ce slogan naît au début des années 2000, à l’initiative du CNIEL (Centre National Interprofessionnel de l’Économie Laitière), en partenariat avec le ministère de la Santé. L’objectif était clair : relancer une consommation qui stagnait, surtout chez les jeunes.
Ainsi, une génération entière convaincue qu’il faut “3 produits laitiers par jour” pour être en bonne santé. Derrière cette campagne, un lobby puissant orchestre la partition : industriels, producteurs, distributeurs. Tous réunis sous la même bannière. Le CNIEL finance des études, sponsorise des nutritionnistes, influence les politiques alimentaires. Rien n’est laissé au hasard.
Le lait, c’est naturel ? Pas vraiment
Un point pourtant souvent évacué du débat : l’être humain est le seul mammifère à consommer du lait après le sevrage… et surtout, à boire celui d’une autre espèce. Pour digérer le lactose, il faut une enzyme appelée lactase.
Problème : sa production chute après l’enfance chez la majorité des adultes. Résultat, une intolérance partielle ou totale, plus ou moins marquée selon les origines. En Europe, 10 à 15 % des adultes sont concernés. En Asie, on monte à 90 %. Et malgré ça, le lait continue d’être vendu comme un aliment universellement bénéfique. Un paradoxe à la hauteur de sa promotion.
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Et le calcium, alors ? Il n’y en a pas que dans les produits laitiers !
C’est l’argument martelé à chaque coin de rayon. Oui, le lait est riche en calcium. Non, il n’est pas irremplaçable. D’autres aliments en regorgent, parfois en plus grande quantité : les légumes verts, les amandes, le sésame, les sardines ou encore certaines eaux minérales comme Hépar ou Contrex.
Et surtout, la santé osseuse ne dépend pas que de l’apport en calcium. Activité physique, vitamine D, équilibre acido-basique : tout joue.
Consommer trop de lait : un risque pour la santé ?
D’ailleurs, plusieurs études, notamment de Harvard ou publiées dans le British Medical Journal, montrent que les pays à forte consommation de lait ont… plus de fractures. Une hypothèse pointe l’acidification du corps liée aux protéines animales, qui pourrait nuire à l’absorption du calcium.
Mais ce n’est pas tout. Certaines recherches suggèrent que le lait, consommé en excès, pourrait affaiblir le système immunitaire. En cause : son effet potentiellement pro-inflammatoire, qui peut créer un terrain favorable à des maladies chroniques.
Une inflammation de bas grade, persistante, affaiblit les défenses naturelles de l’organisme, ouvrant la voie à divers troubles. Ostéoporose, certes, mais aussi maladies digestives, syndromes auto-immuns, voire certaines formes de cancer. Rien n’est tranché avec certitude, mais la question mérite d’être posée : un aliment censé renforcer l’organisme pourrait, chez certains, fragiliser ses fondations.
Mais, il faut dire que le bilan santé est flou. Des études pointent plusieurs liens potentiels, encore débattus, entre une consommation excessive de lait et des risques accrus d’acné, de cancer de la prostate ou de l’ovaire, de problèmes inflammatoires chroniques, ou de troubles digestifs comme le syndrome de l’intestin irritable.
Certains travaux évoquent aussi une possible aggravation de pathologies comme l’endométriose. À l’inverse, d’autres études mentionnent quelques bénéfices, notamment dans la prévention de l’hypertension artérielle ou du diabète de type 2, mais ces effets sont majoritairement observés dans le cadre d’une consommation de produits fermentés – yaourts nature, kéfir – et non de lait en tant que tel.
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Produits fermentés vs lait liquide
C’est là que la confusion s’installe : on met tout dans le même sac. Lait, yaourt, fromage, crème dessert… alors que biologiquement, tout oppose un kéfir artisanal et un lait UHT aromatisé fraise.
Les produits fermentés sont en général mieux tolérés, car les bactéries prédigèrent le lactose. Mieux encore, ils peuvent enrichir le microbiote, à condition d’être de qualité, sans sucre ajouté ni additifs industriels.
À l’opposé, les fromages ultra-transformés ou les laits sucrés n’ont pas grand-chose à faire dans une alimentation équilibrée. Ils tiennent plus de l’aliment plaisir que de la nécessité nutritionnelle.
Et l’impact environnemental et animal ?
La production laitière est l’une des plus gourmandes en ressources. Entre les émissions de méthane des ruminants, les dizaines de milliers de litres d’eau nécessaires pour produire un seul litre de lait, l’érosion des sols, les fourrages importés, la réfrigération, l’emballage et le transport… la facture écologique est salée. Tout ça pour un aliment que plus d’un humain sur deux digère mal ? On est en droit de se demander si le jeu en vaut la chandelle.
Les vaches laitières vivent en moyenne 5 à 6 ans, alors que leur espérance de vie naturelle dépasse les 20 ans. Pour produire du lait, elles sont inséminées chaque année. Le veau est retiré dès la naissance, souvent abattu ou vendu. Même dans les élevages dits “raisonnés”, le cycle reste brutal, rythmé par la cadence industrielle plus que par le bien-être animal.
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